Le Gardien des Ombres

Il se tient là, sans mots, sans armes,
Gardien muet des ombres de l’âme.
Son corps vacille, en fragile balance,
Entre l’instinct brut et la conscience.

Figure dressée dans l’obscur éclat,
Témoin des conflits que l’homme abrite en soi.
Il veille sur nos gouffres, nos parts oubliées,
Sur les blessures qu’on n’ose nommer.

Sous ses pieds, la terre et le sang s’unissent,
Miroir d’un monde où les douleurs s’enracinent.
Chaque pas enfoncé dans ce sol mêlé
Porte la mémoire d’un cri étouffé.

Derrière lui, le paysage s’étire :
Des sols mouvants, une mer noire qui soupire,
Et la végétation, comme une prière,
Monte doucement du cœur de la Terre.

C’est là que l’espoir trouve sa demeure,
Dans les racines sombres, dans l’ombre en fleurs.
Car même la nuit, dans son manteau d’effroi,
Recèle une étoile, une vie, une voie.

Le Gardien ne juge, il observe, il écoute,
Les murmures intérieurs, les détours, les routes.
Il connaît les vertiges, les pulsions, les combats,
Et les rêves enfouis que nul ne voit.

Il est la part lucide de l’obscur,
L’équilibre instable entre l’ombre et l’azur.
Dans son silence, il nous tend un miroir :
Celui de l’homme, splendide et illusoire.

2021年5月6日新增