L’Homme dans la guerre

Il avance, seul, dans un champ sans voix,
Porté par le vent d’un destin qu’il ne choisit pas.
L’homme vacille, l’esprit se fane,
Dans la guerre, tout langage se désarme.

Autour de lui, le bleu se divise,
En deux souffles, deux cris, deux balises.
Le bleu clair, fragile, cherche encore le ciel,
Une parole lointaine, un lien essentiel.

Mais plus loin, le bleu s’assombrit,
Comme une mer d’ombre, un abîme sans cri.
Le jaune s’efface, lumière abandonnée,
Joie de vivre laissée, paix piétinée.

Il quitte l’innocence, il perd le chemin,
Son âme en bataille, ses mains sans demain.
La guerre n’est pas qu’externe, elle creuse en dedans,
Elle ronge la clarté, consume le vivant.

Pourtant, au cœur même de l’effroi,
Un vert discret s’élève sans émoi.
C’est la vie qui murmure sous les gravats,
Un souffle végétal qui ne renonce pas.

L’homme dans la guerre, c’est le combat muet,
D’un être en exil de lui-même, inquiet.
Mais c’est aussi l’espoir, mince, tenace,
Que la nature en silence toujours nous enlace.

Car même au cœur de l’ombre, sous les cendres et le froid,
Un germe de lumière demeure quelquefois.

Ajouté le 10 avr. 2021