Après la vague

Elle est passée, immense et muette,
La vague sans nom, la mer en tempête.
Et derrière son cri, le silence profond,
La trace d’un peuple, noyé dans l’horizon.

Je voulais peindre l’onde qui déchire,
Mais la main seule ne pouvait suffire.
Alors j’ai tendu un voile de plastique,
Plié, froissé — geste presque mystique.

Et sous l’acrylique, la matière s’ouvrit,
Comme une plaie que le temps décrie.
Une semaine entière, le souffle suspendu,
J’attendais que naisse ce cri contenu.

Et là, devant moi, une brèche apparut,
Un éclat de vérité, brut et inattendu.
Ce n’était plus une vague, c’était un deuil,
Un cri figé dans le pastel en linceul.

Les teintes s’étaient effacées doucement,
Comme le souvenir qui fuit lentement.
Mais l’encre, l’eau, la toile et le souffle,
Avaient tout dit, sans heurt, sans gouffre.

Depuis ce jour, j’explore sans fin,
Je cherche la matière, j’écoute son chemin.
Créer est devenu mon propre battement,
Une respiration, un besoin permanent.

Après la Vague, c’est l’ombre et la lumière,
C’est le deuil d’un monde, c’est la mer en prière.
Et moi, dans l’atelier, parmi les traces et les pleurs,
Je peins la mémoire… et j’ouvre mon cœur.

Ajouté le 23 avr. 2021